Extrait d'une lettre de M. Noel

EXTRAIT

D'une lettre de M. NOEL professeur de mathématiques à Laval.


“ Dans les grands phénomènes de la nature, les mêmes causes, aux yeux du 
vulgaire, ne produisent pas toujours les mêmes effets….. ; deux orages, qui, 
dans l'espace d'un mois, ont dévasté le département de la Mayenne, sont une 
preuve de cette vérité.
 

Le premier, qui a éclaté le 2 juillet, au nord-est de ce département, fut 
accompagné de pluies et de grêle qui détruisirent en un moment, non-seulement 
les espérances d'une abondante récolte, mais qui frappèrent d'une stérilité 
perpétuelle les champs adossés aux flancs des collines, dont les couches 
végétales furent entraînées par les torrens, et les prairies maintenant 
ensevelies sous une couche de galets et de schistes épaisse de cinq à six pieds. 
Des personnes dignes de foi, qui, quinze jours après, visitèrent ces lieux, 
trouvèrent encore dans les fossés des amas de grêlons gros comme des noix, 
quoique la chaleur les eût diminués de moitié. Des blocs de granit d'un poids 
énorme avoient été entraînés dans des ravins creusés à la profondeur de neuf à 
dix pieds. Tous conviennent que le mal devint à son comble, lorsque ces torrens, 
agglomérés dans les gorges étroites des montagnes, eurent rempli les bassins de 
plusieurs étangs, dont les eaux crûrent de dix-huit à vingt pieds au-dessus de 
leur niveau. Leurs digues furent emportées. Ce nouveau fleuve sans lit, agissant 
en raison de sa masse et de sa vîtesse, déracina les arbres, entraîna plusieurs 
moulins, et causa tous les ravages, qui sont la suite ordinaire de pareils 
fléaux. Ces lieux de désolation présentent en ce moment un champ vaste au 
minéralogiste, et un sujet de réflexion importante au géologue sur les 
changemens qui s'opèrent d'un